Les élans ne sont pas toujours des animaux faciles (Extrait)
Hier soir
Jean-Marc – Non ?
Jean-Edouard - Si si. 
Jean-Christophe – Vraiment ? 
Jean-Edouard - Je vous promets. 
Jean-Marc - C’est impossible. 
Jean-Edouard - Mais puisque je vous le dis. 
Jean-Marc - Non, je ne vous crois pas. 
Jean-Edouard - Vous êtes tenace. 
Jean-Marc - Non, désolé, je ne peux pas le croire. 
Jean-Edouard – Enfin ! 
Jean-Christophe - Mais écoutez, réfléchissez deux secondes… 
Jean-Edouard - Je l’ai vu de mes propres yeux… 
Jean-Christophe – Vraiment ? 
Jean-Edouard - Comme je vous vois. 
Jean-Marc – Vraiment ! 
Jean-Edouard – Oui ! 
Jean-Christophe - Aussi proche ? 
Jean-Edouard - Aussi proche. 
Jean-Marc – Hier ? 
Jean-Edouard – Hier ! 
Jean-Christophe - Le soir ? 
Jean-Edouard - En début de soirée. 
Jean-Marc - Enfin le soir quoi ! 
Jean-Edouard - Oui, le soir. 
Jean-Christophe - Vers quelle heure ? 
Jean-Edouard - Je ne sais plus. 
Jean-Marc - Vous voyez. 
Jean-Edouard - Vers 20 heures et… 
Jean-Christophe - Des brouettes. 
Jean-Edouard - Oui. 
Jean-Marc – Non ? 
Jean-Edouard – Si ! 
Jean-Marc – Incroyable ! 
Jean-Edouard - Je sais bien. 
Jean-Marc - Non, mais vraiment incroyable ! 
Jean-Christophe - Incroyable ! 
Jean-Edouard - Ça m’a fait le même effet. 
Jean-Christophe - Vous lui avez parlé ? 
Jean-Edouard - C’est lui qui m’a parlé. 
Jean-Marc - Il vous a parlé ? 
Jean-Edouard - Comme je vous parle. 
Jean-Marc - Mais… mais… enfin… 
Jean-Edouard – Quoi ? 
Jean-Marc - Il… Il est mort ! 
Jean-Edouard - Je sais. 
Jean-Marc - Comment ça vous savez ? 
Jean-Edouard - Je sais qu’il est mort et pourtant. 
Jean-Christophe - Vous vous moquez. 
Jean-Edouard - Je n’oserais. 
Jean-Marc - C’est impossible ! 
Jean-Edouard - Si vous y tenez. 
Jean-Christophe - Il vous a parlé ? 
Jean-Edouard - Comme je vous parle. 
Jean-Christophe - Hier soir ? 
Jean-Edouard - Hier soir ? 
Jean-Marc - A 20 heures… 
Jean-Christophe - Et des brouettes. 
Jean-Marc - Que vous a t’il dit ? 
Jean-Edouard - Il sanglotait. 
Jean-Marc - Il sanglotait ? 
Jean-Edouard - Puisque je vous le dis. 
Jean-Christophe - Mais pourquoi ? 
Jean-Edouard - Je ne sais pas. 
Jean-Christophe - Que vous a t’il dit ? 
Jean-Edouard - “C’est long !” 
Jean-Marc - C’est tout ? 
Jean-Edouard - Non. 
Jean-Marc - Quoi d’autre ? 
Jean-Edouard - “L’automne. L’automne. L’automne.” Et il sanglotait. 
Jean-Christophe - C’est une blague ? 
Jean-Edouard - Je n’oserais. 
Jean-Marc - Il était saoul ? 
Jean-Edouard - Peut-être ? 
Jean-Christophe - Il sentait l’alcool ? 
Jean-Edouard - Je ne l’ai pas senti. 
Jean-Christophe - Même pas un petit peu ? 
Jean-Edouard - Non, même pas un petit peu. 
Jean-Marc - C’est trop ! 
Jean-Edouard - Je sais. 
Jean-Marc - Il avait sûrement bu. 
Jean-Edouard - Peut-être ? 
Jean-Marc - Il buvait beaucoup. 
Jean-Edouard - C’est ce qu’on dit. 
Jean-Marc - Oh oui ces hommes-là boivent ! 
Jean-Christophe - Vous croyez ? 
Jean-Marc - Ils ont le poids du monde… là. (Jean-Marc montre son épaule) 
Jean-Edouard - Il m’a demandé une cigarette. 
Jean-Marc – Non ? 
Jean-Edouard - Si. 
Jean-Christophe - Vous lui avez donné ? 
Jean-Edouard - Je ne fume pas. 
Jean-Christophe - Vous auriez pu faire un effort. 
Jean-Edouard - Mais je n’en avais pas. 
Jean-Marc - Vous auriez pu aller au tabac du coin. 
Jean-Edouard - Il n’y avait pas de coin. 
Jean-Marc - Pas de coin ? 
Jean-Edouard - J’étais tellement sur le cul. 
Jean-Christophe - Tout de même ! 
Jean-Edouard - Qu’auriez-vous fait ? 
Jean-Christophe - Ce que j’en sais moi ! J’aurais été bouche bée. 
Jean-Edouard - Vous voyez. 
Jean-Marc - Hier soir ? 
Jean-Edouard - Hier soir ! 
Jean-Marc - Comme vous me voyez ? 
Jean-Edouard - Comme je vous vois. 
Jean-Marc - Vous rentrez chez vous hier soir vers 20 heures et des brouettes et vous voyez Verlaine assis devant votre immeuble ? 
Jean-Edouard - Sur une marche. 
Jean-Marc - Enroulé dans un pardessus ? 
Jean-Edouard - Enroulé dans un pardessus. 
Jean-Christophe – Paul ? 
Jean-Edouard - Paul. 
Jean-Marc - Paul Verlaine ? 
Jean-Edouard - Lui-même. 
Jean-Marc - Mais il est mort ! 
Jean-Edouard - Je sais. 
Jean-Marc - Mais il est mort ! 
Jean-Edouard - Il avait peut-être oublié un truc. 
Jean-Christophe - Quel truc ? 
Jean-Edouard - Je ne sais pas. 
Jean-Marc - Qu’avez-vous fait ? 
Jean-Edouard - J’étais tellement sur le cul. 
Jean-Christophe - Mais pourquoi devant chez vous ? 
Jean-Edouard - Alors là ? Je ne sais. 
Jean-Marc - Tout ce que vous nous dites est vrai ? 
Jean-Edouard - Tout ce que je vous dit est vrai. 
Jean-Christophe - Vous avez bu ? 
Jean-Edouard - Je ne bois pas. 
Jean-Christophe - Hier soir ? 
Jean-Edouard - Comme je vous vois. Paul sur une marche, les sanglots, l’automne et tout. 
Jean-Marc - Ne bougez pas. Je reviens. 
Jean-Christophe - Où allez-vous ? 
Jean-Marc - Ne bougez pas. Je reviens. 
Jean-Christophe - Où allez-vous ? 
Jean-Marc - Prévenir Arthur !




